lundi 21 juillet 2014

Un dimanche soir

Un moment de quiétude le dimanche soir, juste avant la dernière ligne droite qui me sépare des congés d'été.

Elle est à genoux près de moi. Elle ne porte qu’un serre-taille de satin noir, une paire d’escarpins de cuir noir, son collier et la laisse qui va avec. Elle a les yeux baissés et ne dit rien. Elle n'attend rien non plus et c’est bien ainsi.

Un verre de vin se réchauffe doucement dans ma main droite alors que ma main gauche lui caresse doucement les cheveux.

Un moment de quiétude disais-je…

lundi 7 juillet 2014

In my opinion my Lord...

... la réalité est un peu plus complexe.
 
« Les précédents traitant de la question des atteintes intentionnelles à l’intégrité physique n’établissent pas que le consentement soit un moyen de défense contre des charges fondées sur la loi de 1861. D’après eux, le consentement constitue un moyen de défense lorsque les atteintes à l’intégrité physique surviennent lors d’activités légales. La question est de savoir si ce moyen de défense peut aussi être invoqué dans le cas d’atteintes de cette nature, causées au cours de rencontres sadomasochistes (...).

Les avocats des appelants ont fait valoir que le consentement devrait constituer un moyen de défense (...) car tout individu a le droit de disposer librement de son corps. Je ne pense pas que cette formule suffise à fonder la décision de principe qu’il s’agit maintenant de prendre. Une personne commet une infraction lorsqu’elle maltraite son corps et son esprit en consommant des drogues. La législation pénale, certes souvent enfreinte, impose des restrictions à une pratique qui est considérée comme dangereuse et pernicieuse pour les individus et qui, si elle était tolérée et généralisée, porterait préjudice à l’ensemble de la société. Quoi qu’il en soit, en l’espèce, les appelants n’ont pas mutilé leur corps mais porté atteinte à l’intégrité physique de victimes consentantes (...).

En principe, on distingue la violence fortuite de la violence infligée par cruauté. La violence sadomasochiste suppose une certaine cruauté de la part de sadiques ainsi que l’humiliation des victimes. Cette violence est nocive pour les participants et présente des risques imprévisibles. Je ne suis pas disposé à concevoir un moyen de défense fondé sur le consentement, s’agissant de rencontres à caractère sadomasochiste qui engendrent et exaltent la cruauté (...).

La société a le droit et le devoir de se protéger contre le culte de la violence. Il est pervers de tirer du plaisir de la souffrance d’autrui. La cruauté est barbare."

Chambre des Lords, 11 mars 1993 (R v. Brown), All England Law Reports 1993, vol. 2, p. 75.

 .

 

Un marquage

Je repense à ses fesses. Deux globes ronds, dorés, fermes et soyeux.
 
Elle m’en avait souvent vanté les mérites et j’avais souvent partagé avec certaines idées sur l’usage que je pourrais en faire. Dès le début de nos échanges elles étaient devenues comme un élément incontournable de ce premier moment où elle deviendrait mienne.

Il avait été question de brins de cuir trainant de façon lancinante sur elles, de stimulations appliquées du bout d’une cravache ou autres « délices » mais surtout de la façon dont je souhaitais imprimer ma marque en elle.

Il fallait en passer par là, par ce moment où il faudrait un peu forcer les choses et les chairs.

Après mûres réflexions j’avais arrêté mon choix sur cette envie. Sur ce moment où je me présenterais enfin derrière elle, non seulement pour la prendre mais surtout pour sceller cet accord entre nous.

Nous en étions donc là. Il n’était plus question de ce qui s’était passé avant ou se passerait après mais uniquement de ce moment précis.

Nous étions chacun à notre place. Elle était à genoux, épaules au sol, fesses offertes, jambes écartées et bras au-dessus de la tête. Ce n’étaient pas que ses fesses qui étaient offertes ni même son corps mais son être tout entier. Elle avait choisi ce se donner et ce moment était arrivé.

Je me rapprochais et son souffle s’accélérait. Le premier contact, quoiqu’attendu, fut comme une décharge électrique en elle, secouant son corps de soubresauts. Une décharge de stress autant que de fébrilité sans doute.

Elle savait que je la prendrai de cette façon, que je la marquerai en meurtrissant sa chair. En me sentant forcer ce passage qui pourtant est offert. Elle le veut, le désire et essaye de se détendre mais a mal. Sa chair se contracte et la blesse encore d’avantage au fur et à mesure que je progresse en elle. Je l'entends et le sens.

J’y suis tout à fait maintenant et ai imprimé cette première marque dans ses chairs. Je profite de l’instant et reste dans cette position afin qu’elle me sente bien.

Elle est dorénavant mienne.

mercredi 2 juillet 2014

L'invisible

L’important est l’invisible.
Qu’elle agisse de la façon la plus naturelle possible en société sans que nul ne se doute de sa condition réelle.
Qu’elle donne, à l’instant même ou suivant de précises instructions, des gages tangibles de sa soumission.
Mais que cette soumission demeure subtile, invisible aux yeux extérieurs.
Qu’elle sache que sa découverte entrainerait les plus cruels des châtiments, à commencer par la privation.
Que jamais elle ne se donne en spectacle, sauf si ça lui est demandé.
Que, plus elle paraisse libre, plus elle soit soumise.
Que, plus elle aille loin dans sa transgression, plus ses yeux brillent imperceptiblement de fièvre.
Que son asservissement éclate à la face du monde, mais seulement à mes yeux.
Que ma seule satisfaction soit la plus belle des exhibitions.

Le ressenti

Cette fille d’un peu plus de vingt ans est en alternance dans le bureau quasiment en face du mien depuis déjà quelques semaines. Un physique très ordinaire, presque au-delà du banal. De jolis yeux clairs mais un visage qui n’attire pas l’attention et des fesses trop larges pour sa taille ou sa corpulence. Un corps banal surmonté d’un vidage banal donc.

Elle a pourtant quelque chose d’imperceptiblement attirant. Quelque chose qu’on se dit ou pense deviner. Quelque chose qu’on ressent. Quelque chose où on l’imagine assez naturellement dans des positions de souffrance et de plaisir mêlés. Quelque chose où on l’imagine reconnaitre sa faute et réclamer sa punition. Quelque chose où on aurait envie de la rassurer : oui ça fera mal mais oui, ce sera bon. Quelque chose qui fait qu’on se dit enfin qu’elle aura envie de recommencer, en savoir plus, chercher ses limites…

Embarquement immédiat

La vie est n’est pas une boite de chocolat.
Elle est faite de choix, ceux que l’on subit et ceux que l’on impulse. Ils se complètent ou se contredisent mais ils mènent à la vie, celle du quotidien aussi bien que des envies ou des projets.
On dit aussi qu’il n’est pas de hasards, il est des rendez-vous. Pas de coïncidences.
Ce premier voyage devait manifestement s’inscrire comme ça. Comme une fatalité, non comme le destin que l’on subit mais comme celui auquel on ne peut échapper. Celui maintes fois évoquées et jusqu’alors jamais concrétisé. Celui d’une escapade à deux, sans personne. Florence, Milan, s’il y a le temps, week-end rital. (…) variet’ mélo à la radio…
Les missions sont assignées. Les rôles n’ont pas à l’être. A lui la logistique, la domination, les punitions et les récompenses, la responsabilité de la combler. A elle les traductions, la soumission, l’obéissance et le devoir de le satisfaire.
D’abord ce quai de gare qui les attend. Peu de mots et encore moins de gestes. La descente du wagon signait pour elle un accord implicite pour les jours à venir.
Une valise glissée dans un coffre et une voiture qui file vers l’aéroport. Un check-in rapide, deux sièges côte à côte et l’avion qui franchit les Alpes. Elle ne dit rien. Elle sourit. Elle goûte le moment. Elle en connait également les enjeux.
La littérature qu’elle écrivait lui avait longtemps donné envie de Florence, de l’Arno et du dôme. Les souvenirs qu’elle y avait attachés et la présence du Pitti Uomo lui avaient failli le faire incliner pour Milan. Ce fût finalement l’adriatique et Trieste, loin du baroque tapageur ou de l’austérité. Une envie farouche aussi de retrouver ce charme décrit par Joyce, les pas de Mathias Sandorf ou le Bora.
La suite ressemblait à un descriptif de formule de vacances en club : 5 jours, 4 nuits, demi-pension, liste des activités. C’est là qu’était la ligne de fracture, la liste des activités. A l’instar d’un club de vacances elles étaient diurnes aussi bien que nocturnes, mais certaines ici échappaient tout à fait à cette distinction. Une fois franchies les portes de l’hôtel elle perdait la plus grande part de son libre arbitre et devenait sienne à toute heure du jour ou de la nuit, au gré de ses envie et fantaisies. D’un café encore fumant apporté à la table du petit déjeuner à un ordre incongru claquant à l’improviste en passant par de plus « traditionnelles » séances le soir venu.
Apercevoir un instant les premiers contreforts des Balkans dans la douceur du soir et peu de temps après ramper à ses pieds à demi nue, exhibant à la demande le moindre recoin de ses chairs en attendant un signe ou un geste.
Le décor était délicieux, la compagnie encore plus et les huis clos parfois publics. La bulle s’était rouverte pour quelques jours, terrain de jeux et de limites.