mardi 23 décembre 2014

Quelques réfléxions


“The best things in life are free. The second best are very, very expensive.

Coco Chanel


« Je ne suis pas une œuvre charitable »

Karl Lagerfeld


Première pression à froid

Le plaisir de la retrouver. Le plaisir de non seulement la retrouver mais également tout ce qui faisait le sel et l’agrément de cette relation. Retrouver sa peau, ses yeux et son corps. Retrouver ce cadre qui devenait peu à peu familier. Retrouver surtout leurs habitudes et l’avancée dans cette découverte tant de l’un et l’autre que de leur relation.

Certaines choses dorénavant trouvaient leur place naturellement ou s’exécutaient sans qu’il ait besoin de les demander. Il avait pris l’habitude de s’asseoir toujours à la même place sur le canapé. Ou presque. Dans ce coin qui lui permettait d’avoir un bon angle de vue de sur le salon, le jardin et surtout sur elle. Il pouvait ainsi la voir aller et venir, vaquer à ses occupations. Il s’asseyait sur ce morceau de banquette, se calait le dos avec un coussin puis attendait.
Cette attente lui permettait de la détailler, de vérifier – de loin – si elle s’était a priori bien conformée à ses directives et exigences. Une inspection plus minutieuse viendrait plus tard. Bien plus minutieuse.

Elle préparait les rafraîchissements et il la détaillait. Il inspectait à distance la cambrure des escarpins, le chemisier légèrement déboutonné, la naissance des fesses sous la jupe forcément courte. Un détail l'interpella au moment où elle se pencha pour saisir un objet. Parmi les consignes qu’elle avait reçues figurait celle de ne jamais plier les genoux, ou le moins possible, quand elle se penchait. Ça faisait mécaniquement ressortir son joli cul. Son « petit capital » comme elle l’appelait. La jupe qui se remontait plus largement sur le milieu des fesses lui laissait admirer cette paire de globes légèrement dorés par le soleil du début d’automne. N’étant pas allé fouiller de ses doigts son intimité comme il pouvait le faire lors du retour de la gare, la jupe qui remontait lui permettait également de constater qu’elle avait bien respecté ses demandes en ne portant pas de lingerie.
Cette confirmation l’émoustillait malgré un sentiment d’inachevé qu’il ne réussissait pas bien à s’expliquer. L’explication se tenait près de lui, au fond de sa sacoche. Le Rosebud était un de ses « instruments de travail » préférés. Il attrapa immédiatement les poignées de cuir et alla chercher au fond de son bagage un petit étui de suédine noire assez lourd. Il sourit en ressentant le contact froid de l’acier entre ses doigts au moment où il sortait l’objet, se levant dans le même temps et parcourant à grandes enjambées la faible distance qui le séparait de la cuisine.

Elle se retourna en l’entendant arriver vers elle, lui demandant si tout allait bien. Il répondit que oui mais qu’il avait oublié un léger détail, marquant un sourire au coin des lèvres. Il lui indiqua de conserver cette position : les jambes tendues, fesses ressorties et tête en bas. Sa longue chevelure blonde balayait presque le sol tout en lui cachant un peu la vue. Elle commençait à respirer plus vite, mue par un mélange d’imprévu et d’excitation. Elle ferma les yeux et se mordit légèrement les lèvres au moment où elle senti le contact froid de l’acier sur l’entrée de sa muqueuse anale. Il poussait doucement mais l’acier rechignait à pénétrer. Il commença par doucement cracher sur ce trou qui palpitait, dessinant des cercles concentriques avec le bout de ses doigts puis reprenant la tentative de pénétration mais l’objet continuait d’y être réfractaire. Sa respiration s’accélérait et elle commençait à s’inquiéter de ne pouvoir ainsi s’offrir spontanément. Peut-être craignait-elle également de commencer ces quelques jours non par le plaisir d’être sa chose mais par la déception d’une punition par la seule faute de chairs un peu desséchées. Elle se prenait à penser que la prochaine fois il faudrait qu’elle se lubrifie un peu, au cas où. Mais comment ? Cette question commençait à la tarauder alors que l’acier maintenant tiédi au contact des doigts reprenait ses tentatives d’intrusion. Elle voulait bredouiller quelques mots d’excuses et de confusion mais n’osait pas. Puis elle entendit « Attends. Ne bouge pas ». Elle tint la position malgré son inconfort et entendit le bruit de placards qu’on ouvre et ferme au fur et à mesure de recherches. Le bruit d’une bouteille qu’on décapsule puis la sensation d’un liquide un peu visqueux qui coule depuis le haut de son trou jusque puis s’immisce lentement dans sa raie. Elle sut de quoi il s’agissait et sourit en l’entendant se féliciter de l’intérêt des produits de l’agriculture provençale…
L’objet se présente à nouveau et tourne sur lui-même afin de s’imprégner de cette délicate huile d’olive qui brille dorénavant sous la lumière du lustre de la cuisine. Elle sent la pointe épaisse qui se présente puis écarte le début des chairs, sans difficultés cette fois, ne rencontrant plus d’accroche sur son passage. Elle sent les muscles du sphincter qui résistent instinctivement et tente de se laisser aller. Elle connait la suite et sent maintenant la collerette du Rosebud qui vient de passer, comme un cliquet qui vient de s’enclencher dans son cul. Il est en place.

Il essuie délicatement le reste d’huile, l’étalant sur les fesses afin de faire briller ses courbes, et contemple le spectacle avec un air satisfait. « Voilà, c’est beaucoup mieux et bien plus joli ainsi » sont à peu près ses premiers mots. Il rabaisse la jupe et exerce un va et vient entre le cristal qui dépasse et sa peau en lui murmurant à l’oreille « Maintenant que tu es prête tu peux venir ».
L’angoisse et l’inconfort sont oubliés, chassés par le seul plaisir de l’avoir enfin satisfait et par ce qu’elle va lui offrir.

MAJ le 30/12/2014 : où l'on m'indique qu'il existe des modèles en aluminium en plus de ceux en acier. ce qui me m'inspire (notamment) deux réflexions : on a toujours à apprendre d'autrui, cela ouvre de belles perspectives de durée et conditions de port compte tenu du "confort" accru offert par le poids de cette matière...

vendredi 22 août 2014

Le petit livre noir

Ulysse est le titre d’une magnifique épopée de Joyce. C’est aussi le nom de son cahier souple avec une couverture de cuir noir. Cahier dans lequel il aime tenir le journal de sa progression, de leur progression au fil du temps et des séances. Les erreurs, les réussites, les plaisirs et les déceptions, tout y figure. Sans fard ni fausse modestie. La vérité, aussi crue que possible.
Une couverture discrète de togo noir mais une telle intimité une fois le bouton pression dégraffé…

Un dîner

Février. Un mois plutôt froid et venteux sur la place Saint Marc, et encore, quand la pluie ne vient pas accompagner avec constance les sorties et découvertes de cette escapade de quelques jours. La tombe de Stravinsky est toujours aussi émouvante sous la neige et le plaisir d’échapper à la foule dans le dédale des ruelles toujours aussi savoureux. Mais quand la nuit tombe d’autres délices succèdent à ceux du tourisme et d’autres règles s’imposent que celles d’ouverture et de fermeture des églises ou des musées.

Une règle est toujours immuable pour les sorties de fin de journée : elle doit rester accessible et disponible. Contrairement aux apparences, ce ne sont pas les mêmes choses. Accessible quand aucun sous-vêtement – sauf demande expresse – ne doit entraver l’accès à son intimité et disponible car elle doit à tout instant et sur un seul geste ou parole obéir à un commandement.
Elle est donc presque prête pour sortir dîner, attendant dans le couloir de la chambre l’inspection finale qui validera ou non sa tenue pour ce soir. Elle est comme souvent délicieuse et féminine et il en fait le tour non sans une certaine satisfaction doublée de fierté aussi. Les vérifications d’usage, évidemment, formalisées normalement par une main qui vient trainer sous sa jupe et inspecter si le cœur lui en dit le moindre de ses recoins.

Ce soir pourtant, le cérémonial varie un peu. Il débute comme à l’accoutumée mais, rapidement, il lui demande de relever sa jupe, écarter les jambes et se cambrer. Elle s’exécute, ferme les yeux, sens son cœur s’emballer et sa respiration s’accélérer.
A la première seconde elle a compris. Elle connait ses plaisirs et surtout frissonne au contact de l’acier froid sur sa peau légèrement moite. Elle sent ses chairs qui se distendent un peu, reconnait ce léger forçage qui se produit et prend plaisir au remplissage de son être par cet objet d’acier froid dont seul la partie en cristal bleu ciel dépassera dorénavant d’elle.

Il lui indique la règle du jeu avant de l’autoriser à se redresser : elle va sortir avec et doit le conserver en place jusqu’à nouvel ordre. L’incognito est un de ses plaisirs et elle sera punie si on peut deviner, par son attitude ou tout signe de remise en place par exemple, ce qu’elle porte. Elle sera d’autant plus punie si elle le perd ou l’ôte sans son accord express.
Après s’être assuré que ces règles étaient bien comprises, il lui demande de se relever, lui tend son manteau et ouvre la porte pour gagner cette trattoria recommandée dans la vieille ville. Les premiers pas sont un peu hésitants car c’est la première fois qu’elle doit le conserver autant et surtout dans une situation où elle est obligée de se déplacer et se mouvoir beaucoup. Elle sourit car voit son contentement sur son visage, et c’est surtout ce qui lui importe.

Elle traverse le hall de l’hôtel avec cette fierté magnifique de ce qui savent et en jouissent. Puis la porte à tambours, les rues froides et l’aventure de cette longue distance perchée sur ses talons en tentant de maîtriser ce corps étranger qui ne semble vouloir en faire qu’à sa tête.
Elle prend tellement plaisir à le satisfaire et ce qu’il soit fier d’elle qu’elle a pu parfois en oublier sa présence et c’est en tournant au détour d’une ruelle qu’il se rappelle à lui. Lui est ravi de cette disposition et passe même sur de très brèves alertes.

Tout allait donc pour le mieux. Le dîner commandé, des effluves d’agrumes dans les pâtes et un bon Barolo venaient compléter cet excellent moment. Puis il la sent embarrassée. Cela se voit qu’elle est bien moins à l’aise que tout à l’heure. Il lui en fait question mais elle répond que tout va bien. Il lui indique quand même marquer un point sur le décompte qu’il tient avec elle, sachant qu’elle n’est pas sincère. Au quatrième point marqué dans la même demi-heure, il n’y tient plus et la questionne sans ménagement.
Elle doit alors avouer que le plaisir s’est mué en indélicatesse puis en légère blessure, ayant de plus en plus de mal à maîtriser l’engin et souffrant d’une trop longue posture assise… La réponse prend la forme d’un laconique « c’est dommage… ». Il continue de lui sourire mais a posé sa serviette sur le bord de la table pour cesser de manger et lui parler.

La suite de la soirée sera pour elle la suivante : elle va quitter la table, prendre ses affaires, rentrer à l’hôtel et dans la chambre. Une fois arrivée, elle lui enverra un message pour lui signifier qu’elle est prête et à sa disposition. Elle devra en effet revêtir un corset – celui qu’elle sait appartenir au monde de la punition – s’agenouiller dans ce qui tient lieu de salon. Elle attendra, tête baissée, les mains ouvertes sur les cuisses, qu’il rentre et règle leurs comptes. Il ne lui dit ni quand ni comment mais se contente de lâcher qu’il est un peu déçu, même s’il la sait gré de ses efforts pour une première fois sur un port aussi long.
Elle se lève, légèrement mortifiée, prend son manteau et s’engouffre dans la froideur de février. Elle n’a pas osé dire un mot ni même poser de questions sur le sort de l’instrument… Elle s’éloigne en le voyant au travers de la vitre finir tranquillement ses linguine. Commence alors pour elle l’attente de la rédemption…

jeudi 21 août 2014

Exercice de style

En ce moment je suis d’humeur taquine et ai donc un peu envie de compliquer certaines tâches. Elle a su démontrer toute son habileté et sa dextérité avec ses mains et sa bouche mais ça m’apparait aujourd’hui un peu trop facile.

Cette séquence de « jeu » est donc ainsi codifiée : une fois qu’elle aura fini de faire ce qui lui est demandé, elle conservera les mains liées dans le dos. Elle viendra s’agenouiller devant moi. J’ouvrirai mon pantalon et elle n’aura alors plus que sa bouche pour me satisfaire et me remercier.
Le barème est lui aussi assez simple : pour chaque loupé, glissade en dehors de sa bouche ou toute autre forme de perte de contrôle, ce sera un point de plus dans le décompte de la sanction…

A l’instar des sentences de certains conseils de guerre, la sanction sera exécutable séance tenante. A la fin de l’exercice ou à dès que le nombre de 10 sera atteint, au premier des deux termes échus.

lundi 4 août 2014

Un tiède matin d'été


Elle passe devant moi dans la cuisine, vêtue d’une simple nuisette.

Comme un réflexe, je la prends par la nuque, lui fais poser les mains et la tête bien à plat sur une desserte. Seule sa croupe reste tendue et un rapide geste lui fait ouvrir d’avantage les jambes.

Ma main se positionne entre ses cuisses, le majeur et l’annulaire sur le devant de son entrejambe, le pouce de l’autre côté.

« Bouge. Doucement » sont les premiers mots qu’elle entend, commençant à se frotter ainsi dans ma main, restant captive et offerte.

« accèlère » est le second commandement ».

Mon annulaire et mon majeur s’enfoncent ensuite, une fois la tiédeur moite de la cyprine qui commence à couler sur eux.

« accélère » à nouveau puis « enfonce mon pouce en toi » suivent. Elle est maintenant prise de partout et je sens, qu’après avoir un peu forcé, elle profite pleinement d’être ainsi soumise et empalée.

« accélère » encore puis « défonce-toi » et enfin « jouis » suivront dans un relativement bref laps de temps.

Je relache sa nuque et la vois essouflée. Elle me regarde, les yeux un peu dans le vague et me remercie avec une voix très basse, presque inaudible.

Je saisis à nouveau sa nuque, la fait s’agenouiller devant moi, pointe son visage vers mon bassin avant d’ajouter « je suis prête à recevoir tes remerciements ».

lundi 21 juillet 2014

Un dimanche soir

Un moment de quiétude le dimanche soir, juste avant la dernière ligne droite qui me sépare des congés d'été.

Elle est à genoux près de moi. Elle ne porte qu’un serre-taille de satin noir, une paire d’escarpins de cuir noir, son collier et la laisse qui va avec. Elle a les yeux baissés et ne dit rien. Elle n'attend rien non plus et c’est bien ainsi.

Un verre de vin se réchauffe doucement dans ma main droite alors que ma main gauche lui caresse doucement les cheveux.

Un moment de quiétude disais-je…

lundi 7 juillet 2014

In my opinion my Lord...

... la réalité est un peu plus complexe.
 
« Les précédents traitant de la question des atteintes intentionnelles à l’intégrité physique n’établissent pas que le consentement soit un moyen de défense contre des charges fondées sur la loi de 1861. D’après eux, le consentement constitue un moyen de défense lorsque les atteintes à l’intégrité physique surviennent lors d’activités légales. La question est de savoir si ce moyen de défense peut aussi être invoqué dans le cas d’atteintes de cette nature, causées au cours de rencontres sadomasochistes (...).

Les avocats des appelants ont fait valoir que le consentement devrait constituer un moyen de défense (...) car tout individu a le droit de disposer librement de son corps. Je ne pense pas que cette formule suffise à fonder la décision de principe qu’il s’agit maintenant de prendre. Une personne commet une infraction lorsqu’elle maltraite son corps et son esprit en consommant des drogues. La législation pénale, certes souvent enfreinte, impose des restrictions à une pratique qui est considérée comme dangereuse et pernicieuse pour les individus et qui, si elle était tolérée et généralisée, porterait préjudice à l’ensemble de la société. Quoi qu’il en soit, en l’espèce, les appelants n’ont pas mutilé leur corps mais porté atteinte à l’intégrité physique de victimes consentantes (...).

En principe, on distingue la violence fortuite de la violence infligée par cruauté. La violence sadomasochiste suppose une certaine cruauté de la part de sadiques ainsi que l’humiliation des victimes. Cette violence est nocive pour les participants et présente des risques imprévisibles. Je ne suis pas disposé à concevoir un moyen de défense fondé sur le consentement, s’agissant de rencontres à caractère sadomasochiste qui engendrent et exaltent la cruauté (...).

La société a le droit et le devoir de se protéger contre le culte de la violence. Il est pervers de tirer du plaisir de la souffrance d’autrui. La cruauté est barbare."

Chambre des Lords, 11 mars 1993 (R v. Brown), All England Law Reports 1993, vol. 2, p. 75.

 .

 

Un marquage

Je repense à ses fesses. Deux globes ronds, dorés, fermes et soyeux.
 
Elle m’en avait souvent vanté les mérites et j’avais souvent partagé avec certaines idées sur l’usage que je pourrais en faire. Dès le début de nos échanges elles étaient devenues comme un élément incontournable de ce premier moment où elle deviendrait mienne.

Il avait été question de brins de cuir trainant de façon lancinante sur elles, de stimulations appliquées du bout d’une cravache ou autres « délices » mais surtout de la façon dont je souhaitais imprimer ma marque en elle.

Il fallait en passer par là, par ce moment où il faudrait un peu forcer les choses et les chairs.

Après mûres réflexions j’avais arrêté mon choix sur cette envie. Sur ce moment où je me présenterais enfin derrière elle, non seulement pour la prendre mais surtout pour sceller cet accord entre nous.

Nous en étions donc là. Il n’était plus question de ce qui s’était passé avant ou se passerait après mais uniquement de ce moment précis.

Nous étions chacun à notre place. Elle était à genoux, épaules au sol, fesses offertes, jambes écartées et bras au-dessus de la tête. Ce n’étaient pas que ses fesses qui étaient offertes ni même son corps mais son être tout entier. Elle avait choisi ce se donner et ce moment était arrivé.

Je me rapprochais et son souffle s’accélérait. Le premier contact, quoiqu’attendu, fut comme une décharge électrique en elle, secouant son corps de soubresauts. Une décharge de stress autant que de fébrilité sans doute.

Elle savait que je la prendrai de cette façon, que je la marquerai en meurtrissant sa chair. En me sentant forcer ce passage qui pourtant est offert. Elle le veut, le désire et essaye de se détendre mais a mal. Sa chair se contracte et la blesse encore d’avantage au fur et à mesure que je progresse en elle. Je l'entends et le sens.

J’y suis tout à fait maintenant et ai imprimé cette première marque dans ses chairs. Je profite de l’instant et reste dans cette position afin qu’elle me sente bien.

Elle est dorénavant mienne.

mercredi 2 juillet 2014

L'invisible

L’important est l’invisible.
Qu’elle agisse de la façon la plus naturelle possible en société sans que nul ne se doute de sa condition réelle.
Qu’elle donne, à l’instant même ou suivant de précises instructions, des gages tangibles de sa soumission.
Mais que cette soumission demeure subtile, invisible aux yeux extérieurs.
Qu’elle sache que sa découverte entrainerait les plus cruels des châtiments, à commencer par la privation.
Que jamais elle ne se donne en spectacle, sauf si ça lui est demandé.
Que, plus elle paraisse libre, plus elle soit soumise.
Que, plus elle aille loin dans sa transgression, plus ses yeux brillent imperceptiblement de fièvre.
Que son asservissement éclate à la face du monde, mais seulement à mes yeux.
Que ma seule satisfaction soit la plus belle des exhibitions.

Le ressenti

Cette fille d’un peu plus de vingt ans est en alternance dans le bureau quasiment en face du mien depuis déjà quelques semaines. Un physique très ordinaire, presque au-delà du banal. De jolis yeux clairs mais un visage qui n’attire pas l’attention et des fesses trop larges pour sa taille ou sa corpulence. Un corps banal surmonté d’un vidage banal donc.

Elle a pourtant quelque chose d’imperceptiblement attirant. Quelque chose qu’on se dit ou pense deviner. Quelque chose qu’on ressent. Quelque chose où on l’imagine assez naturellement dans des positions de souffrance et de plaisir mêlés. Quelque chose où on l’imagine reconnaitre sa faute et réclamer sa punition. Quelque chose où on aurait envie de la rassurer : oui ça fera mal mais oui, ce sera bon. Quelque chose qui fait qu’on se dit enfin qu’elle aura envie de recommencer, en savoir plus, chercher ses limites…

Embarquement immédiat

La vie est n’est pas une boite de chocolat.
Elle est faite de choix, ceux que l’on subit et ceux que l’on impulse. Ils se complètent ou se contredisent mais ils mènent à la vie, celle du quotidien aussi bien que des envies ou des projets.
On dit aussi qu’il n’est pas de hasards, il est des rendez-vous. Pas de coïncidences.
Ce premier voyage devait manifestement s’inscrire comme ça. Comme une fatalité, non comme le destin que l’on subit mais comme celui auquel on ne peut échapper. Celui maintes fois évoquées et jusqu’alors jamais concrétisé. Celui d’une escapade à deux, sans personne. Florence, Milan, s’il y a le temps, week-end rital. (…) variet’ mélo à la radio…
Les missions sont assignées. Les rôles n’ont pas à l’être. A lui la logistique, la domination, les punitions et les récompenses, la responsabilité de la combler. A elle les traductions, la soumission, l’obéissance et le devoir de le satisfaire.
D’abord ce quai de gare qui les attend. Peu de mots et encore moins de gestes. La descente du wagon signait pour elle un accord implicite pour les jours à venir.
Une valise glissée dans un coffre et une voiture qui file vers l’aéroport. Un check-in rapide, deux sièges côte à côte et l’avion qui franchit les Alpes. Elle ne dit rien. Elle sourit. Elle goûte le moment. Elle en connait également les enjeux.
La littérature qu’elle écrivait lui avait longtemps donné envie de Florence, de l’Arno et du dôme. Les souvenirs qu’elle y avait attachés et la présence du Pitti Uomo lui avaient failli le faire incliner pour Milan. Ce fût finalement l’adriatique et Trieste, loin du baroque tapageur ou de l’austérité. Une envie farouche aussi de retrouver ce charme décrit par Joyce, les pas de Mathias Sandorf ou le Bora.
La suite ressemblait à un descriptif de formule de vacances en club : 5 jours, 4 nuits, demi-pension, liste des activités. C’est là qu’était la ligne de fracture, la liste des activités. A l’instar d’un club de vacances elles étaient diurnes aussi bien que nocturnes, mais certaines ici échappaient tout à fait à cette distinction. Une fois franchies les portes de l’hôtel elle perdait la plus grande part de son libre arbitre et devenait sienne à toute heure du jour ou de la nuit, au gré de ses envie et fantaisies. D’un café encore fumant apporté à la table du petit déjeuner à un ordre incongru claquant à l’improviste en passant par de plus « traditionnelles » séances le soir venu.
Apercevoir un instant les premiers contreforts des Balkans dans la douceur du soir et peu de temps après ramper à ses pieds à demi nue, exhibant à la demande le moindre recoin de ses chairs en attendant un signe ou un geste.
Le décor était délicieux, la compagnie encore plus et les huis clos parfois publics. La bulle s’était rouverte pour quelques jours, terrain de jeux et de limites.

lundi 2 juin 2014

Thématiques

Les thèmes sont convenus d’avance. Elle en est informée.
  
Ils sont finalement assez basiques pour cette forme d’exercice, tels que fellation, sodomie, exhibition, flagellation, pénétration par différents instruments, tenue de posture (avec ou sans les instruments d’ailleurs…) ou de positions. Ils sont parfois accompagnés de précisions, lorsque c’est rigoureusement nécessaire.
  
Ce sont des journées où je n’ai pas envie de me perdre en commentaires superflus.
  
La règle, elle aussi, est convenue d’avance. Elle n’a pas à en être informée puisque ce n’est que la déclinaison de sa condition de soumise.
  
Le déclencheur est également convenu d’avance. Un signe rapide et simple qu’elle peut reconnaitre sans ambiguïté. Un claquement de doigts est le plus souvent retenu en privé car il a notamment le mérite de la clarté. Un mot clé est convenu en public, anodin pour les tiers mais impératif pour elle.
  
Ensuite, peu importe le moment, la situation ou l’environnement, elle doit s’exécuter au moment même où elle entend le signal, sans poser la moindre question ou marquer la moindre hésitation.
  
Instants délicieux où chacun goûte pleinement aux délices de sa position.

jeudi 22 mai 2014

Tattoo


Au fur et à mesure que l’aiguille vibre et pénètre la chair, les deux premières questions reviennent en mémoire. Où et quoi. Ce furent les premières questions. Paradoxalement plus difficiles à trancher que la toute première, celle avant dire droit¸ celle du principe même d’une marque indélébile qui serait apposée sur son corps.

Cela faisait partie de ce qu’il allait lui demander. Il l’avait évoqué au début de leurs échanges, elle le savait. Elle savait ce besoin de possession complet et exclusif, elle savait cette fierté larvée qui lui ferait demander une marque, elle savait qu’elle finirait dans cet atelier de tatouage.

Se déshabiller, se montrer quasi nue au tatoueur ne serait qu’une formalité. Elle ne le verrait même pas, ne pensant qu’à lui et brulant du désir de le satisfaire. D’être sienne et de le porter non plus en elle mais bien sur elle. Elle n’avait pas espéré porter ses armes alors, au moins, trouvait elle sa satisfaction dans le port de sa marque. Elle savait qu’il marquait d’un timbre à sec ses ouvrages préférés et se sentait à la fois objet et si vivante en s’inscrivant dans cette continuité de ce qui lui était précieux.

Elle ne s’était même pas dit en franchissant la porte de l’atelier que le tatoueur en avait certainement « vu d’autres », sa seule crainte étant qu’il réalise le travail le plus parfaitement possible. L’inspection serait sans faille car l’importance trop évidente. On porte des marques comme des cicatrices, celle-ci serait comme un blason, dorénavant une partie d’elle et de son orgueil.

Où et quoi, donc. Questions délicates auxquelles il avait réfléchi longtemps.

Où était la question la plus complexe des deux. Il fuyait l’ostentation et savourait le plaisir d’une discrétion subtile, dans sa vie et dans sa mise. Il fallait donc qu’il puisse y avoir accès facilement, sans pour autant que ce le soit pour autrui. Il avait passé en revue les positions et gestes de sa vie quotidienne avant d’arrêter son choix. Il devait en jouir en seul maître mais souhaitait qu’elle puisse également en profiter ou lui rappeler sa condition. Le bas du pubis, un peu au-dessus de l’aine avait donc été retenu.

Le quoi avait été assez simple, il s’agissait de son chiffre.

Le tout lui avait été envoyé sur un simple bristol blanc. Quelques mots d’instructions lui indiquant ce qu’il convenait de faire réaliser (cette signature embossée sur le bristol), l’endroit où il convenait de le faire réaliser. Quelques mots enfin venaient compléter ces instructions, lui indiquant des dates auxquelles il se déplacerait pour constater la complète et « opérationnelle » réalisation de sa demande.

Elle avait donc opéré un rétroplanning et il ne lui restait que peu de temps avant qu’il ne soit là et puisse profiter de cette marque, tout à fait nette et cicatrisée.

Il lui avait laissé un temps de réflexion compte tenu de l’enjeu de son inaliénabilité mais elle avait préféré le mettre à profit pour rechercher le meilleur artisan disponible dans sa région. Des heures à vérifier des avis internet et de presque faire du démarchage en porte à porte. Passer d’un collier virtuel ou physique à temps partiel à un collier d’encre niché dans les replis de son être lui semblait tellement d’une telle évidence qu’elle n’avait même pas cillé en lisant la carte. Elle avait même jugé nécessaire de le remercier de cette excellente idée et de l’l’hommage qui lui était rendu. Il avait apprécié

Ce temps qui file et la précision du geste de l’artisan étaient ses seules réelles préoccupations, loin devant sa posture digne d’une salle d’examen gynécologique ou le caractère incongru qu’on aurait pu trouver à cette demande.

Quelques minutes encore et la voici qui sort de « l’atelier ». A la fois la même et dorénavant une autre. Elle s’appartenait il y a encore une heure et n’a plus cette exclusivité dorénavant.

Elle porte sa marque, indélébile, comme on porte le drapeau de sa fierté.

Quelques minutes de trajets encore puis le contentement des touches du clavier d’ordinateur en lui envoyant ces simples mots «  c’est fait. ».

Ainsi commence pour elle une vie d’accompagnement et surtout de longues heures avant de se présenter devant lui, humble et fière à la fois, se découvrant une force nouvelle héritée de simples gouttes d’encre.

Un réveil


Tu places ton corps perpendiculaire au mien, ton cul à porter de ma main.

Tu me fais bander, avec ta bouche, ta langue et tes mains.

Tu montes sur moi et attends le dernier moment pour savoir si tu auras le droit de jouir ou pas.

Tu me fais jouir dans ta bouche.

Tu aspires jusque la dernière goutte.

Tu descends préparer mon café.

mardi 11 mars 2014

La lanière

Elle ne fait que quelques centimètres de largeur. Peut-être deux, mais certainement pas trois.

Elle ne tient pas de place dans une sacoche ou un sac de voyage car sait s’enrouler sur elle-même, quitte à passer pour un cuir de ceinture aux yeux d’un douanier ou d’un policier.
Elle sait être caressante quand je lui demande de traîner sur un corps et qu’elle se laisse tracter, ondulant sous les courbes qui lui sont offertes.

Elle sait être indiscrète quand elle se laisse guider vers des replis enfin ouverts et des moiteurs qui évoquent la langueur.
Elle est être coercitive quand elle s’enroule autour de poignets ou les rattachent à un point fixe et est alors complice objective d’autres instruments de sévices.

Elle sait être punitive quand elle vole un court instant dans l’air et que son cuir s’abat brutalement, en un claquement, sur un autre cuir bien plus blanc et plus tendre.
Elle est mon amie et ma compagne.

Elle est cette lanière de cuir que l’on apprend à craindre et à aimer.